Un grand merci aux 450 personnes qui se sont déplacées pour la cérémonie des voeux que j’organisais, le 25 janvier, à Yzeure !
Le discours que j’ai prononcé :
Mesdames, Messieurs,
Avant de vous livrer avec enthousiasme mes meilleurs vœux pour cette année 2024, et pour entrer directement dans le vif du sujet, permettez-moi une pensée inquiète pour l’état de notre monde en me répétant ces mots terribles du Secrétaire général des Nations Unies : « Le monde est en train d’échouer à remplir ses engagements pour protéger les civils ». A Gaza où la barbarie des terroristes du Hamas a laissé place à la folie vengeresse d’un gouvernement dirigé par l’extrême-droite israélienne ; mais aussi en Ukraine, au Kurdistan, au Yémen ou en Arménie, la folie guerrière des hommes massacre des peuples, pourchasse femmes et enfants.
Mais dans quel monde vit-on ? Qu’avons-nous retenu des leçons du siècle précédent ? Aucun continent n’est épargné !
Plus que jamais, la France doit porter une voix singulière dans ce monde en prônant des résolutions pacifiques aux conflits et en portant une ambition universelle d’égalité entre les peuples et les nations.
Dotée du troisième plus grand réseau de représentations diplomatiques au Monde, avec des diplomates de grande valeur – n’est-ce pas Madame le Préfet –, la France en a les moyens ! Et je pense que la voix de notre pays, qui a été si utile, si spécifique, si particulière pendant des décennies sur la scène internationale, devrait se faire entendre beaucoup plus fort aujourd’hui pour faire émerger des plans de paix, plutôt que de se résigner à laisser parler les armes.
Dans ce monde en conflit, je ne peux m’empêcher de vous redire les propos d’Albert Camus qui devraient initier un nouvel ordre mondial tant attendu. Il disait que « la paix est le seul combat qui vaille d’être mené. Ce n’est plus une prière mais un ordre qui doit monter des peuples vers les gouvernements, l’ordre de choisir définitivement entre l’enfer et la raison ».
Et les Bourbonnais ont souvent livré des combats pour la paix tout au long de leur histoire, l’hommage que nous avons rendu aux Cinq Résistants de Laféline, lundi dernier, étant l’une des nombreuses occasions qui nous sont données pour nous le rappeler. Cet ordre d’Albert Camus est donc nôtre.
Avant de vous livrer un premier bilan parlementaire de cette année 2023 à l’image des Maires qui, durant ce mois de janvier dédié aux vœux, ont présenté leur bilan municipal, je voudrais rétablir une vérité simple.
Non, l’Assemblée nationale n’est pas cette foire d’empoigne que l’on veut bien nous montrer dans les médias.
Certes, il y a des esclandres, parfois du désordre ; des députés qui, de droite comme de gauche, hystérisent le débat public ; des mises en scène parfois pathétiques, un irrespect et une désinvolture qui ne font pas honneur à la fonction. D’ailleurs, ma nature et ma culture politiques ne sont pas celle-là, même si je ne suis pas contre un peu de passion et de détermination dans le débat public…..demandez au Maire de Moulins !
Mais non, ce bazar filmé et montré n’est pas notre quotidien, mon quotidien. L’Assemblée nationale est avant tout un lieu de travail, parfois même de consensus même si les images qui s’y réfèrent sont bien moins vendeuses.
Que ce soit dans l’hémicycle, en commission, dans les groupes d’étude ou d’amitiés, les députés font avant tout « du commun » de façon assidue et consciencieuse. Je ne vous dis pas que notre fonctionnement est idéal, loin s’en faut et j’y reviendrai, mais alimenter un discours de défiance vis-à-vis de cette belle institution, c’est renoncer à ce qui soutient et fait vivre notre démocratie tout autant imparfaite qu’indispensable. C’est d’ailleurs pourquoi notre réaction est aussi vive à chaque sortie de 49.3 puisqu’il renonce à ce que nous sommes, des êtres humains doués de raison, élus pour débattre, amender et voter.
Et c’est d’ailleurs ce renoncement qui produit une perte de confiance dangereuse dans nos institutions. Les électeurs ont fait le choix d’une Assemblée diverse sans majorité absolue ?… Qu’il en soit ainsi. La recherche du compromis devrait être une constante. D’ailleurs, notre société et notre monde sont face à de tels enjeux qu’il faudra bien trouver des réponses communes qui construisent d’autres perspectives et qui apaisent notre pays.
Oui, il y a des différences de point de vue, des clivages idéologiques nécessaires et, de fait, des idées qui s’affrontent. C’est pour ça qu’il y a des élections. Mais parfois, je me dis que certains sujets comme la paix, la protection de l’environnement ou l’éradication de la pauvreté nécessiteront des réponses qui transcendent certains clivages politiques de l’arc républicain. Et de ce point de vue, je dois bien vous l’avouer, 2023 me laisse un goût amer.
Cette année, je pourrais la qualifier comme l’année de la « fabrique de l’ennemi ».
La « fabrique de l’ennemi », oui ! où de trop nombreux projets de loi n’ont consisté qu’à chercher des responsables aux maux de notre société, pas toujours légitimes et bien identifiés. Je ne prendrai que trois exemples.
D’abord cette fameuse réforme des retraites rejetée par une majorité de Français et qui faisait du retraité, de la retraitée, un « ennemi » de l’équilibre financier de notre système par répartition. Sauf que le COR, le Conseil d’Orientation des Retraites a démontré non seulement que l’équilibre des comptes n’avait rien de dramatique, mais qu’en plus cette réforme ne réglait pas le problème.
C’est aussi cette loi pour le « plein emploi », bien mal nommée, qui criminalise les privés d’emploi parce que, paraît-il, installés dans le « confort » du RSA et trop fainéants pour travailler. Oui, nous connaissons des secteurs en grande tension qui peinent à recruter – Oui je rencontre régulièrement des entreprises, des artisans, qui sont en pénurie de main d’œuvre sur ma circonscription – oui, tous les métiers ne sont pas sous-payés mais n’oublions jamais ce chiffre de la DARES, le service statistique du Ministère du Travail : aujourd’hui en France, il y a 8 fois plus de demandeurs d’emploi que d’emplois disponibles. C’est un fait ! Alors, pourquoi chercher des coupables là où il n’y a quasiment que des situations subies ?
Pour lutter contre le chômage, il y a deux solutions : soit on crée de l’emploi de qualité qui correspond aux nouvelles aspirations post-COVID et qui bénéficie de formations adaptées, soit on essaie de faire disparaître les chômeurs des statistiques. Cette deuxième option préférée par le gouvernement ne répondra en rien aux tensions actuelles du marché de l’emploi. Au contraire. Et la réforme des lycées professionnels ne va pas améliorer les choses.
La réduction drastique des savoirs, éléments pourtant essentiels dans la capacité qu’aura un jeune à comprendre le monde, à s’adapter au monde du travail et à ses aspirations, enfermera dans des tâches restreintes et parfois désespérantes sans perspective de changement. Il aurait été beaucoup plus pertinent et efficace d’analyser en profondeur les nouveaux rapports au travail qui sont survenus depuis le COVID, notamment chez nos jeunes.
En effet, le travail ne s’envisage pas de la même façon suivant la perception que l’on a de son avenir. S’il nous paraît radieux avec la perspective, par exemple, d’avoir une bonne retraite et en bonne santé, on accepte plus facilement de fournir les efforts nécessaires pour y arriver. Si, au contraire, on perçoit un avenir incertain, fait de catastrophes sanitaires et climatiques, de bas-salaires et de retraite inaccessible, sans perspective heureuse, on essaie de profiter du moment présent, avec le moins de sacrifice et d’efforts. En bref, nous devrions travailler à sécuriser l’avenir pour permettre l’engagement présent. Mais ce débat, nous ne l’avons pas eu.
Le troisième exemple est celui de la loi immigration, un sujet pourtant important qui aurait mérité un vrai travail du parlement. Mais le texte proposé fermait plus de portes, plus de débats qu’il ne permettait d’en ouvrir et il était plus simple de faire de l’étranger un ennemi, de l’immigration un danger que d’affronter ce sujet qui traverse nos sociétés.
Comment ne pas se préoccuper de l’accueil dans un monde en tension où, je le rappelle, en 2022, plus de 108 millions de personnes ont été déplacées de force pour cause de persécutions, de conflits, de violences, ou de violations des droits humains. Mais comment se préoccuper d’accueil sans en faire avant tout un enjeu européen ?
Comment ne pas questionner les conditions de cet accueil et enfin, comment ne pas aborder le sujet crucial du retour au pays par des coopérations internationales dans un monde davantage apaisé ? Durant plus de cinq ans, j’ai travaillé avec des demandeurs d’asile et des réfugiés. Toutes et tous nourrissaient le désir de vivre au pays, le déracinement étant toujours vécu comme une déchirure.
Le texte adopté à l’Assemblée Nationale porte en lui la honte d’une loi discriminante, qui stigmatise et condamne les plus faibles sans rien régler de ce sujet pourtant important. Comble du cynisme, tout le monde sait que plusieurs de ses dispositions sont anticonstitutionnelles : le Conseil Constitutionnel a d’ailleurs rendu son avis sur le sujet aujourd’hui. Voilà pourquoi je m’associe à cette exigence qui monte dans le pays, pour que le Président de la République renonce à promulguer cette loi, et que nous traitions ce sujet avec tout le sérieux et l’apaisement qu’il mérite.
Cette recherche d’ennemis prétendus, cette recherche de boucs-émissaires alimentent de fortes tensions dans notre pays et créent un climat délétère, outre le fait qu’ils sont l’expression d’une incapacité chronique à avoir des débats de fond, où la communication supplante la réflexion.
Bon, une fois ce contexte posé, je peux vous dire que cette année 2023 m’a mobilisé, ainsi que toute mon équipe, sur de nombreux sujets, à commencer par les questions de mobilité ou ce casse-tête incessant de savoir comment se rendre à l’Assemblée nationale et en revenir !
Et oui, avec cette ligne Paris/Clermont, l’inacceptable est quasi hebdomadaire pour ne pas dire quotidien quand il se prend de neiger en hiver ou que les sangliers sont un peu trop agités au printemps. Il est invraisemblable qu’à l’époque où nous rapprochons l’homme de mars, Paris paraisse aussi loin en train !
Au-delà de la plaisanterie, nos territoires, nos populations ne peuvent continuer à faire l’objet de tant de mépris et les investissements prévus dans deux ans au mieux doivent être fait immédiatement. Pour manifester notre colère, je proposerais bien aux services de la Préfecture de n’accueillir les prochains ministres dans l‘Allier qu’avec retard et des sandwichs SNCF en guise de repas. Peut-être que les consciences s’éveilleraient.
Cette année 2023 a aussi été celle des questions d’éducation et d’école. Notre département a connu une des pires saignées en termes de suppression de postes de professeurs des écoles. La logique comptable et déshumanisée a prévalu au détriment des enfants, des enseignants, des parents et de l’aménagement du territoire. Les classes qui ont fermé comptaient pourtant une quinzaine d’élèves, ce qui n’est pas aberrant si on a le souci de ne pas remettre des familles sur nos routes et de préserver la vie dans nos quartiers et villages. Mais la logique comptable s’impose toujours quand on n’a d’autres préoccupation que les chiffres. Pour cette année, nous n’accepterons pas qu’il en soit de même et notre mobilisation sera à la hauteur de notre colère. Même 14 suppressions net, c’est de trop !
Et pendant que certains, c’est à dire les élus locaux, les enseignants et les parents, se mobilisent de manière exemplaire (et je tiens à les saluer) pour préserver des moyens à l’enseignement, d’autres se perdent, ou font diversion, dans des questions vestimentaires avec un certain relent de conservatisme.
Je vous le dis très clairement, pour moi, l’école n’a pas besoin d’uniforme mais de moyens humains pour bien fonctionner. Les inégalités sociales ne se cachent pas, elles se combattent !
Maintenant, je vais évoquer un sujet qui me tient particulièrement à cœur, c’est celui de la Sécurité civile et de nos sapeurs-pompiers. Comme je l’ai déjà rappelé à plusieurs reprises et dans différents lieux, nous ne prenons pas suffisamment soin de celles et ceux qui prennent soin de nous. C’est le cas de nos pompiers et de nos associations de sécurité civile.
Pour ces dernières, à qui je veux rendre hommage, leur présence dans de nombreuses manifestations reste souvent imperceptible jusqu’à ce que l’on ait besoin d’elles, manifestations qui, d’ailleurs, ne pourraient se tenir sans leur mobilisation bénévole. Nos pompiers, quant à eux, ne sont pas correctement traités non plus. A commencer par leur santé. Ce sujet est revenu en force à l’Assemblée nationale à la faveur de journalistes de France 5 qui ont mené une enquête remarquable sur le sujet. La profession, les syndicats se mobilisent et c’est tant mieux.
Mais les promesses du Ministre de l’Intérieur, suite à la Question au Gouvernement que je lui ai posée à l’Assemblée Nationale en octobre dernier, devront être suivies d’effets. Nos pompiers doivent, de façon urgente, bénéficier d’un véritable suivi médical et de toute la reconnaissance nécessaire liée à la dangerosité de leur profession. J’espère que ce sujet ne subira pas le même traitement que celui des retraites. Là, il faut que j’explique.
Vous savez, lors du débat sur les retraites, le Président Macron s’était engagé à bonifier celle des pompiers volontaires considérant à raison que leur engagement devait être valorisé, le Ministre de l’intérieur lui ayant emboîté le pas dans la foulée.
En clair, il s’agissait de reconnaître l’engagement des sapeurs-pompiers dans une activité à haut risque par l’attribution de trimestres supplémentaires, comptabilisés pour la retraite. Les premiers retours que nous avons du décret à venir est que cette disposition ne concernerait, finalement, que les SPV aux carrières incomplètes, c’est-à-dire une toute petite minorité.
Quelle honte et quel scandale ! Ce serait, j’ose le mot, une trahison par rapport aux engagements pris, et je me suis adressé directement au Premier Ministre sur le sujet, avec mon collègue Pierre MOREL A L’HUISSIER avec qui je co-préside le groupe d’études sur les SDIS à l’Assemblée Nationale. Juste pour l’Allier, ce sont 1700 pompiers volontaires qui assurent notre sécurité dans tous les coins et recoins de notre département au détriment de leur vie personnelle et familiale, parfois même de leur activité professionnelle.
En tous cas, vous pouvez compter sur ma détermination pour que sorte un décret conforme aux promesses et si ce n’est pas le cas, nous nous mobiliserons pour la réécriture d’un décret conforme aux engagements pris.
Vous savez, nos services de sécurité civile viennent souvent en renfort d’un système de santé à bout de souffle. Autre sujet central dans mon mandat, l’accès aux soins reste toujours aussi délicat sur ma circonscription comme dans le reste du département. La situation ne cesse de se dégrader et ce ne sont pas les annonces du premier Ministre qui doivent nous rassurer.
Il nous promet 32 milliards de plus pour les hôpitaux en 5 ans. Mais de qui se moque-t-il ? En France, certains de nos responsables politiques ont eu tellement peur de dépenser « trop » en matière de santé qu’ils ont créé l’ONDAM, l’Objectif National des Dépenses de l’Assurance Maladie. C’est-à-dire que l’on ne construit pas le budget de la sécurité sociale en fonction des besoins de la population en matière de santé mais à partir d’un objectif de dépenses.
32 milliards en plus sur 5 ans, c’est une progression de l’ONDAM d’environ 2,5% par an alors que les besoins en santé progressent de façon structurelle d’environ 3,5% par an. Donc, non Monsieur le Premier Ministre, le compte n’y est pas !
En matière de santé, je ne connais qu’un seul remède pour faire correspondre le budget de la sécurité sociale aux besoins des populations : la recherche de nouvelles recettes. Et franchement, que représentent ces 10 ou 11 milliards de déficit dans un budget de la Sécurité Sociale de 641 milliards d’euros amputés de plusieurs dizaines de milliards de cadeaux fiscaux sans efficacité ?
Mais en attendant que l’hôpital public sorte de cette tarification à l’acte mortifère et retrouve les moyens nécessaires à sa mission, en attendant que notre médecine de ville se renforce et s’organise avec quelques contraintes pour répondre aux besoins des trop nombreux patients sans médecin traitant (plus de 8 000 sur ma circonscription), des choix politiques doivent être faits sans attendre.
Pour ma part, je vais modestement essayer de contribuer à initier ces nécessaires changements notamment à travers la mission d’évaluation qui m’a été confiée sur la loi OTSS (Loi Organisation et Transformation du Système de Santé) de 2019 notamment sur sa partie Hôpitaux de proximités. Une mission d’évaluation évalue, certes, mais elle fait aussi des préconisations en fonction des résultats de cette évaluation.
Parallèlement à cela, nous travaillons sur une proposition de loi qui permettrait à l’hôpital public de contractualiser avec des médecins étrangers ayant validé leurs épreuves de vérifications des connaissances.
Je ne peux finir sur cette thématique sans une pensée appuyée pour l’hôpital psychiatrique dont les personnels sont mobilisés pour défendre ce parent pauvre de la santé ; j’étais encore à leurs côtés, à Yzeure, jeudi dernier Ce sont des métiers de cœur, et il souffre aujourd’hui.
Un autre secteur d’activité de cœur – et mon suppléant ne me dira pas le contraire- c’est l’agriculture. Pour rappel, notre département est le deuxième de France en nombre de vaches allaitantes. L’élevage est face à des enjeux importants qui parfois suscitent des réactions particulières et des présupposés curieux. Mais comment pouvons-nous avoir comme objectif l’autosuffisance alimentaire si nous ne soutenons pas celles et ceux qui doivent nous nourrir ?
Aujourd’hui, des accords de libre-échange mettent à genoux nos productions sans garantir des prix rémunérateurs pour nos producteurs. Et inutile de croire que les fameuses clauses miroirs garantiraient des normes de production comparable aux nôtres. Peut-on vraiment vérifier tous les modes d’élevages en Argentine par exemple ? Non, relocaliser nos productions devient une nécessité, d’autant que les enjeux environnementaux nous l’imposent.
Nous devons traiter toutes les problématiques de front :
- la reconquête de notre souveraineté alimentaire, en cessant d’importer 25% de la viande bovine que nous consommons
- la lutte contre le réchauffement climatique, en poursuivant les transformations nécessaires de nos systèmes de production
- et la défense du revenu paysan, en organisant une répartition plus juste de la valeur ajoutée entre les producteurs, l’industrie agroalimentaire et la grande distribution : le juste prix, ce n’est pas qu’une émission de télé !
J’entends la colère qui s’exprime aujourd’hui dans le monde paysan, et je la comprends.
Mais au-delà de la question des « normes » qui est aujourd’hui mise en avant, c’est la question des traités de libre-échange, c’est la question de la planification de la production nationale, c’est la question des prix rémunérateurs et de la répartition équitable de la valeur ajoutée qui sont sur la table : en somme, ce qui est aujourd’hui mis en accusation, c’est la sauvagerie de la « loi du marché », qui épuise nos agriculteurs comme elle épuise la planète.
Plus que jamais nous avons besoin de « reprendre la main » par des politiques publiques fortes, garantissant l’intérêt général plutôt que de laisser nos agriculteurs aux mains des marchés mondiaux et des grandes centrales d’achat.
Cette année nous a également occupés avec une proposition de loi pour construire la société du « Bien vieillir » issue des bancs de la majorité. Cet examen a été lunaire puisque nous l’avons commencé en début d’année pour finir en fin d’année avec une coupure de plusieurs mois.
Le résultat : aucune mesure significative pour un sujet de la plus haute importance, à tel point que la première ministre de l’époque s’était immédiatement engagée à mettre en discussion la fameuse grande loi de programmation Grand âge dont le secteur a tant besoin.
Qu’en est-il aujourd’hui ? Nous ne le savons pas encore avec ce nouveau gouvernement mais ce que l’on connait, ce sont les grandes difficultés rencontrées par les EHPAD et les services d’aide à domicile. Je voudrais ici remercier les responsables des structures de ma circonscription qui répondent présents aux rencontres que j’organise pour justement travailler des contenus à cette hypothétique loi. Vous êtes confrontés à des contraintes financières importantes (de l’ordre de 3000 euros de déficit, en moyenne, par place en EHPAD !), et des difficultés de recrutement du fait d’un secteur encore trop peu attractif.
Et même si les salariés et agents mettent du cœur à l’ouvrage pour prendre soin de nos aînés, le compte n’y est pas. Cette loi de programmation devra combler les manques et redonner des moyens à un secteur d’activité trop longtemps laissé à l’abandon et avec un reste à charge pour les familles trop souvent inaccessible.
Bon, à ce moment de mes vœux, vous vous dites : « on ne voit pas beaucoup le travail de consensus dont il nous parlait ». Mais j’y viens. Oui, un certain nombre de lois se votent à l’unanimité. Par exemple, cette loi qui revalorise le métier de secrétaire de Mairie devenue secrétaire générale de Mairie, sur laquelle je me suis fortement impliqué, et je ferai d’ailleurs partie de son Comité de suivi à l’Assemblée Nationale. Secrétaire de mairie, c’est une fonction centrale pour nos communes et aucun des maires ici présents ne me contredira. D’ailleurs, derrière chaque Maire il y a un ou une secrétaire de mairie qui assure le premier service public de proximité pour les habitants tout en administrant nos communes rurales.
Je travaille régulièrement avec les Maires et leurs équipes municipales. Je voudrais sincèrement leur rendre hommage et leur dire qu’ils et elles sont, à l’instar de nos communes et leurs agents, les urgentistes d’une société malade. La fonction d’élu municipal, de maire est une belle fonction qu’il faut respecter et surtout protéger en arrêtant de technocratiser ce mandat par trop d’engorgement administratif et surtout en l’absence de statut de l’élu. Les élus locaux sont toujours « à portée d’engueulade » mais les violences qu’ils subissent restent inacceptables.
Je pourrais encore aborder de nombreux sujets qui, à la fois, me mobilisent sur mon territoire et à l’Assemblée nationale. C’est le cas du développement des énergies renouvelables, et notamment de la multiplication de projets photovoltaïques où le harcèlement (c’est le juste mot !) de sociétés privées envers les Maires est rendu possible par l’absence d’un grand service public de la production d’énergie garantissant un aménagement équilibré de nos territoires.
Je le dis clairement, je me mobiliserai contre tous les projets qui se feraient sans l’accord de nos communes, c’est un principe qui ne souffrira aucune exception.
Je ne m’attarderai pas sur la loi zéro artificialisation nette qui, malgré des aménagements récents indispensables sur lesquels je me suis mobilisé dans le débat parlementaire, met en évidence la nécessité de repenser la place de nos territoires ruraux dans le paysage national. Pour nous, avec Jean-Paul, ce travail reste central.
Ce mandat de député est surprenant, et j’avoue découvrir parfois l’ampleur de problématiques que je n’avais pas évaluées à leur juste niveau, jusqu’ici.
C’est le cas, par exemple, de l’endométriose : je suis en train de travailler sur une proposition de loi pour permettre aux femmes sujettes aux règles très douloureuses de bénéficier d’un congé de maladie menstruel, sans jour de carence et sans passer systématiquement devant un médecin. D’autres pays comme l’Espagne l’ont déjà mis en place.
Nous travaillons également avec mon collègue et ami Fabien Roussel sur une proposition de loi visant à prendre en charge tous les soins liés au cancer du sein, qu’ils soient qualifiés de « soins de support » (je refuse le terme, parfois utilisé, de « soins de confort ») ou tout simplement sur les nombreux dépassements d’honoraires toujours à la charge des patients.
Je travaille également une troisième Proposition de loi sur la question des mobilités en milieu rural, sujet ô combien important et sensible.
Je ne pourrai pas développer l’ensemble de mon activité prévue en 2024 puisqu’elle sera également alimentée par les sollicitations de nos concitoyens et une actualité aussi riche qu’incertaine.
Je voudrais néanmoins pointer une mission d’évaluation que je mène actuellement. Vous le savez, le travail d’un député ne se résume pas uniquement à voter la loi. Il contrôle également l’action du gouvernement et évalue les politiques publiques.
En ce début d’année, je suis devenu, en plus de la mission d’évaluation sur les hôpitaux de proximité précédemment citée, co-rapporteur d’une mission d’évaluation des politiques publiques en matière d’accès à la culture pour les personnes en situation de handicap. Notre ambition n’est pas d’évaluer uniquement l’accessibilité physique, mais aussi l’accessibilité cognitive. La culture, et l’accès à la culture, est le plus sûr moyen de vivre libre. Elle reste source d’émancipation et personne ne doit en être exclu.
Beaucoup de sujets plus locaux restent à l’ordre du jour et si je devais n’en citer qu’un, ce serait celui de la fin de l’aménagement de la nationale 7 où là encore les engagements pris doivent être respectés. J’ai obtenu confirmation, de la bouche du Ministre des Transports, que la parole de l’Etat serait tenue sur le sujet. Je serai particulièrement attentif au contenu du Volet « Mobilités » du Contrat de Plan Etat Région qui, selon mes informations, doit être à l’ordre du jour de la prochaine Session du Conseil Régional.
Chers amis, toute cette intense activité est sans compter les nombreuses personnes que nous recevons à ma permanence et qui nous obligent à nous familiariser avec de nombreux sujets tous différents. D’ailleurs, nous travaillons à partir d’une règle simple, il n’y a pas de « petit sujet » qui nous soit confié, tous méritent la même attention même s’ils ne suscitent pas les mêmes passions.
Le point commun de toutes ces rencontres, c’est le besoin d’attention et d’écoute de nos concitoyens. Dans ce monde incertain, notre action commune doit produire davantage de protection, davantage de sécurité qui permette d’envisager l’avenir, non pas comme une source d’inquiétude mais comme des lendemains qui chantent, j’oserai même dire (vous ne m’en voudrez pas) des « Jours Heureux », à quelques jours de l’entrée au Panthéon de Missak Manouchian.
Je sais que dans mes propos, chacune et chacun d’entre vous y aura trouvé acquiescement ou désapprobation, chacune et chacun aura pu se dire « il a bien raison » ou « il est complètement à l’ouest sur ce sujet ». Et c’est tant mieux.
L’engagement est fait de ces corps qui ne supportent que les aspérités, de ces matières non lisses qui nous font parfois sursauter mais qui ne nous laissent jamais indifférent. Je vous l’ai dit au début de mes vœux, s’il y a un combat commun à mener, c’est bien celui de la paix. Et à ce moment, je ne peux m’empêcher de penser aux propos de Victor Hugo qui déclarait que « la guerre, c’est la guerre des hommes et la paix, c’est la guerre des idées ».
Modestement, j’ai essayé de vous en livrer quelques-unes qui, je l’espère, contribueront à alimenter notre enthousiasme d’être ensemble, dans le débat et la fraternité, dans les engagements communs et l’amitié, pour que demain, notre monde, notre pays, notre territoire et ses habitants vivent mieux.
Du fond du cœur, je vous souhaite une excellente année 2024 !