Sans attendre la nomination d’un nouveau Ministre de l’Agriculture, j’ai interpellé dès le 9 septembre 2024 le nouveau Premier Ministre, Michel BARNIER, sur l’urgence de la situation et sur l’importance de mesures fortes et rapides de la part des pouvoirs publics face à la flambée de FCO et de MHE qui touche nos élevages.
Monsieur le Premier Ministre,
Par ce courrier, je vous fais part des fortes inquiétudes exprimées par les éleveurs de l’Allier au sujet de la progression rapide de la Fièvre Catarrhale Ovine (FCO).
Je vous alerte sur l’urgence devant laquelle les pouvoirs publics sont aujourd’hui placés pour endiguer un phénomène potentiellement catastrophique pour nos élevages, auquel plusieurs départements français sont malheureusement déjà confrontés.
Le département de l’Allier, historiquement touché par les sérotypes 4 et 8 de la maladie, connaît aujourd’hui une importante recrudescence de cas cliniques, notamment sur les ovins. La vaccination (volontaire et aux frais des éleveurs) ne peut pourtant pas se réaliser dans de bonnes conditions, la disponibilité des vaccins étant aujourd’hui insuffisante pour faire face à l’afflux de demandes des éleveurs.
Par ailleurs, le nouveau sérotype récemment apparu aux Pays Bas (dit de type 3), particulièrement virulent, se propage rapidement depuis le nord de la France. La découverte d’un cas en Saône et Loire vient de faire passer l’ensemble du département de l’Allier en zone dite « réglementée », et en zone vaccinale (l’Etat prenant en charge le coût des vaccins).
Au regard de l’expansion rapide de ce sérotype 3 et des pénuries de vaccins déjà rencontrées sur le sérotype 8, l’inquiétude grandit sur la disponibilité à venir des vaccins spécifiques à ce sérotype 3.
C’est d’autant plus urgent que nous allons très prochainement entrer, cet automne, dans une période délicate du cycle d’élevage : faute de vaccination rapide, un certain nombre d’éleveurs (à tort ou à raison) pourraient être amenés à renoncer à l’effectuer en début de gestation, de peur de compromettre ce moment crucial dans le cycle de production.
J’ajoute, concernant les bovins, que pendant les mois de septembre et octobre près de 2000 broutards par semaine doivent quitter le Département de l’Allier pour être exportés, notamment vers l’Italie. Cela nécessite que les kits d’analyse FCO 3 soient disponibles en quantité suffisante, dans les laboratoires, pour réaliser les tests de dépistage indispensables à l’export. Or là aussi, l’inquiétude existe.
Aussi j’attire toute votre attention sur l’urgence, pour notre pays, de rendre disponibles dès que possible et en quantité suffisante les vaccins nécessaires pour les sérotypes 8 et 3, et les kits d’analyses nécessaires pour l’export.
Je précise également que les surcoûts engendrés par cette épizootie risquent de fragiliser un certain nombre d’exploitations agricoles déjà durement éprouvées par les crises successives. Aussi il me semble indispensable de travailler à un soutien public accru de nos élevages, et notamment à un abondement suffisant par l’Etat du Fonds National Agricole de Mutualisation Sanitaire et Environnementale (FMSE).
De manière plus générale, il semble indispensable d’entamer un processus de réflexion à plus long terme pour protéger nos élevages et gagner en réactivité face à des événements épizootiques cycliques (2008, 2015, 2024…) dont la fréquence risque malheureusement de grandir dans les années à venir.
Certain que vous saurez apporter toute l’attention nécessaire à ce dossier décisif pour l’avenir de nos filières d’élevage, je vous prie de recevoir, Monsieur le Premier Ministre, l’expression de ma plus haute considération.
Yannick MONNET