Hommage à Samuel Paty

Hommage à Samuel PATY

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5 ans après l’assassinat de Samuel PATY, un enfant de Moulins, une émouvante cérémonie a été organisée par la Ville de Moulins, en présence de ses parents.

 

Le discours que j’ai prononcé à cette occasion :

 

C’était il y a 5 ans, et cela semble pourtant encore si proche, tant la douleur est encore aigue, tant l’émotion est encore grande, tant le souvenir est encore vif.

C’était il y a 5 ans, et nous apprenions stupéfaits, sidérés, anéantis, l’odieux assassinat dont Samuel PATY venait d’être la victime.

Chacune et chacun de nous s’est senti concerné, attaqué, meurtri. Plus encore ici, à Moulins, car Samuel PATY était un enfant de Moulins.

Il était ce que notre Ville, ce que notre République produisent de plus précieux : un citoyen éclairé, un homme libre, un enseignant passionné par son métier, et entièrement dévoué à la réussite de ses élèves.

Il a été assassiné pour leur avoir inculqué les valeurs qui nous identifient, celles qui fondent la République française : la liberté, l’égalité, la fraternité. Et la laïcité.

Il a été assassiné parce qu’il enseignait la tolérance, parce qu’il appelait au dépassement des préjugés, parce qu’il prônait le dialogue de tous avec tous, parce qu’il appelait à la compréhension du monde.

Il a été assassiné parce qu’il faisait de ses élèves, au quotidien, de futurs citoyens autonomes, doués d’esprit critique et d’une capacité de discernement ; en un mot, des citoyens « de plein exercice », qui construiront le monde de demain.

Tout l’inverse des obscurantismes et des idéologies de haine qui prônent la division, la violence et l’oppression des uns par les autres.

Ils n’ont pas gagné.

Ils n’ont pas gagné car la vague nationale d’indignation et de colère qui a suivi l’odieux assassinat de Samuel PATY n’est pas retombée. Elle a réveillé les consciences. Il y a un avant, et un après Samuel PATY.

On ne pouvait pas trouver plus beau nom pour une médiathèque. Chaque jour, ici à Moulins, des centaines de jeunes fréquentent la médiathèque Samuel PATY en ayant en tête QUI il était, et l’actualité de ses engagements.

Les assassins de Samuel voulaient une chose : que les enseignants aient peur ; que l’Education Nationale s’auto-censure. Que la liberté d’expression, dans le débat public, soit corsetée. Que l’éducation de nos enfants soit truffée de tabous, d’angles morts, qui les empêchent de s’approprier le monde à 360 degrés.

Ils n’ont pas gagné.

Mais ayons conscience que ce combat est un combat permanent.

La prolifération des contenus haineux sur les réseaux sociaux et dans les médias, la banalisation des propos racistes, sexistes et antisémites, l’hystérisation du débat public sur des sujets traités sous le seul angle de la division et des fractures irréparables plutôt que sur celui des solutions et des élaborations collectives… tout cela est facteur de brutalité, tout cela peut nous entraîner dans de nouvelles spirales de violence.

Oui, les discours haineux peuvent parfois précéder les actes. Oui, les mots ont un sens et ils peuvent tuer. Et oui, le climat actuel n’est pas bon et peut pousser notre société vers de nouvelles turbulences.

Voilà pourquoi nous devons être sans faiblesse face aux fauteurs de haine, et dans le même temps œuvrer à un apaisement de notre société. Cela passe aussi (et peut-être avant tout) par un apaisement du débat public, que j’appelle de mes vœux.

Garder la tête froide, promouvoir en toutes circonstances l’échange, le dialogue, les constructions communes, dans le respect des différences de chacune et de chacun : voilà comment nous pouvons continuer à « faire société », tous ensemble.

Et c’est sans doute le meilleur hommage que nous pouvons rendre à Samuel PATY.