En tant que député de l’Allier, second département français pour le nombre de vaches allaitantes, je comprends et je partage les inquiétudes et l’émoi des éleveurs bourbonnais face à l’épidémie de Dermatose Nodulaire Contagieuse.
En effet, un troupeau n’est pas un moyen de production comme un autre : il est issu de longues années de relations de travail étroites entre éleveurs et animaux, et le fruit d’une sélection génétique effectuée depuis des décennies, parfois des générations.
C’est ce qui doit, à mon sens, amener les pouvoirs publics à beaucoup de prudence, de tact et d’humanité dans les décisions à prendre.
Le protocole sanitaire actuellement en vigueur est contesté par une partie de la profession, elle-même divisée sur le sujet de l’abattage total et de la vaccination généralisée.
La situation est effectivement complexe et évolutive, les vérités d’aujourd’hui n’étant pas forcément celles de demain.
Quoi qu’il en soit, je pense que c’est sur l’expertise vétérinaire, sur un socle scientifique solide, et sur un échange continu avec la profession agricole que doivent se baser les pouvoirs publics pour décider d’une stratégie sanitaire et de son adaptation nécessairement permanente aux évolutions de la situation.
Je pense, plus globalement, qu’un assouplissement de la règlementation sanitaire européenne doit être recherché, tout comme la négociation d’accords de coopération entre Etats, à l’image des accords passés avec la Suisse et l’Italie qui acceptent (sous conditions) d’importer des bovins issus de zones vaccinales françaises.
Je pense également que cette énième crise sanitaire rend chaque jour plus urgente la mise en place d’un grand service public vétérinaire, visant à sécuriser les chaînes de fabrication et de distribution des vaccins pour les animaux d’élevage.
Par ailleurs, il me semble qu’un régime public d’assurance et de gestion des risques serait nécessaire, en intégrant les aspects sanitaires comme le suggère la proposition de loi déposée par mon collègue André CHASSAIGNE en 2020.
Enfin, dans un contexte où le cheptel bovin français a perdu 1 million de têtes ces 8 dernières années, il n’est pas possible de laisser la décapitalisation bovine se poursuivre à ce rythme. Cela suppose de tout autres politiques publiques que celles qui n’ont pas su œuvrer, ces dernières années, à rémunérer justement les éleveurs et permettre le renouvellement des générations.
Aussi je souhaite que l’accord de libre-échange du MERCOSUR soit fermement rejeté par la France, et que la Présidente de la Commission européenne renonce à le signer en cette fin d’année au Brésil. J’ai noté que le Président de la République demande aujourd’hui un report de l’examen du texte pour 2026, ce qui me semble la moindre des choses dans le contexte actuel.