Une tribune parue dans le JDD, que j’ai cosignée avec mon collègue Pierre MOREL A L’HUISSIER, avec qui je co-préside le Groupe d’études relatif aux sapeurs-pompiers, à la sécurité civile et à la gestion des crises :
72 000 hectares ont été ravagés par les incendies l’été dernier en France, soit l’équivalent de 100 terrains de football ou de 7 fois la surface de Paris. Trois mois de mobilisation intense, au cours desquels l’ensemble de nos forces de sécurité civile, pompiers militaires, professionnels et volontaires, associations agréées de sécurité civile ont combattu les flammes, au péril de leur vie.
Plusieurs jours et nuits durant lesquels 50 000 professionnels et 200 000 citoyens volontaires ont tenu, pour maitriser les flammes de ces mégafeux et permettre à de nombreux français de ne pas avoir à quitter leur domicile.
Tous nos concitoyens n’ont pas eu cette chance et ce douloureux épisode est amené à se généraliser année après année, principalement du fait du réchauffement climatique.
Après un hiver particulièrement sec cette année, les premiers feux ont déjà commencé, fin avril, un record ! C’est une nouvelle année « rouge » qui s’annonce et si les annonces du Président de la République et du Gouvernement parent au plus urgent, il est de notre responsabilité de préparer l’avenir en renouvelant puis en sanctuarisant des moyens d’action.
Des annonces ont été faites pour acheter du matériel aérien et des camions, augmenter les budgets des centres d’incendie et de secours présents dans chaque département et une meilleure indemnisation des pompiers. L’ensemble de ces mesures représente un effort d’investissement de 250 millions d’euros.
Avec le groupe d’études sur les pompiers et la gestion des crises à l’Assemblée nationale, nous souhaitons porter dans les prochains mois trois grands défis pour nos soldats du feu : anticiper systématiquement les incendies, apporter des réponses à la crise du volontariat et mieux coordonner l’action de la galaxie d’acteurs de la sécurité civile et le financement des SDIS.
Anticiper systématiquement les incendies avec un premier pas dès la semaine prochaine lors de l’examen à l’Assemblée nationale de la proposition de loi sénatoriale visant à renforcer la prévention et la lutte contre l’intensification et l’extension du risque incendie. Ce texte, nous appelons à ce qu’il puisse être voté unanimement.
Mieux sanctionner le non-respect de l’obligation de débroussaillement, mieux accompagner les propriétaires forestiers face aux enjeux du réchauffement climatique, renforcement des moyens humains et financiers, meilleure reconnaissance du travail des agents de l’ONF… Autant de propositions régulièrement formulées par les acteurs du secteur.
Face à la crise du volontariat, nous plaidons pour une mesure phare : l’exonération partielle des cotisations à la charge de l’employeur pour chaque salarié sapeur-pompier volontaire employé dans le privé et une augmentation de la dotation globale de fonctionnement pour les collectivités publiques qui recrutent des volontaires.
Lorsque vous êtes boulanger ou menuisier et que votre unique salarié, pompier volontaire, doit partir en intervention, comment faites-vous pour poursuivre votre activité ? D’autant plus dans un contexte où les interventions tendent à se multiplier. C’est là un frein majeur dans le recrutement de nouveaux volontaires qui sont le socle de notre modèle de sécurité civile.
Défendre les volontaires, c’est porter la voix de 200 000 femmes et hommes qui ont fait le choix du « courage et [du] dévouement », c’est protéger la ruralité et ses habitants où 76% des pompiers sont volontaires, c’est faire le choix de garantir la survie de notre modèle unique et respecté mondialement.
Nous misons beaucoup sur les jeunes sapeurs-pompiers. Cet engagement devrait être mieux mis en avant dans les écoles et la formation au volontariat mériterait d’être valorisée ensuite dans leur parcours scolaire puis professionnel. Une attention particulière sur la féminisation des effectifs doit aussi être faite.
Pour répondre à ces nombreux défis urgents, la création d’un ministère délégué chargé de la sécurité civile et de la gestion des crises est inéluctable. Cela se justifie particulièrement au regard de l’action concertée qui doit exister entre le ministère de l’Intérieur, le ministère des Collectivités territoriales, le ministère de la Santé, le ministère de l’Environnement et l’ensemble des présidents de départements, également présidents de leur SDIS.
La France a un modèle unique qu’il faut préserver et amplifier. Un ministère dédié serait le gage d’une vraie reconnaissance pour l’ensemble des acteurs de la société civile.
Pierre Morel-A-L’Huissier, Député de Lozère
Yannick Monnet, Député de l’Allier
Co-présidents du Groupe d’études Sapeurs-pompiers, sécurité civile et gestion des crises à l’Assemblée nationale