Rémunération des heures de pluridisciplinarité

Rémunération des heures de ”pluridisciplinarité” dans l’Enseignement Agricole Public

0 Partager :
0
0
0

M. Yannick MONNET interroge M. le Ministre de l’Agriculture sur la rémunération des heures de « pluridisciplinarité » dans l’Enseignement Agricole Public.

L’enseignement pluridisciplinaire est une spécificité de l’enseignement agricole, qui depuis sa mise en place il y a 40 ans a fait la preuve de son efficacité pédagogique.

La nouvelle méthode de calcul, appliquée dans un certain nombre d’établissements au 1er septembre 2023 (et dont la généralisation est prévue à la rentrée prochaine) divise le volume horaire de pluridisciplinarité par le nombre de semaines à l’année (36 semaines hors vacances), et non plus par le nombre de semaines de présence des élèves dans l’établissement (28 semaines en général, hors périodes de stage).

Cela aboutit, mathématiquement, à considérer qu’une heure de pluridisciplinarité ne « vaut » plus que 0,77 heures d’enseignement. En d’autres termes, les heures de pluridisciplinarité voient leur rémunération baisser de 23%.

La réduction théorique de ce temps de service impose aux enseignants de fournir des efforts supplémentaires pour maintenir un temps de service complet (certains étant même amenés à devoir prendre en charge une classe supplémentaire) ; et des enseignants jusqu’ici bénéficiaires d’heures supplémentaires se voient mécaniquement retirer le bénéfice de cette rémunération complémentaire.

Cette nouvelle méthode, appliquée sans concertation, ne tient pas compte du travail (pourtant bien réel) effectué par les enseignants pendant les périodes de stage de leurs élèves. Elle aboutit à leur demander davantage de travail, juste pour maintenir le volume hebdomadaire inscrit dans leur fiche de service : une situation qui amène les syndicats de l’enseignement agricole public à parler de « hold-up » sur le temps de travail.

Quelque 1 100 enseignants sont concernés cette année (avant la généralisation prévue l’an prochain), sur les 8 000 que compte l’enseignement agricole public. Selon une source syndicale, 200 d’entre eux perdent entre 50 et 100 euros de salaire mensuel, tandis que les 900 autres sont amenés à prendre en charge une classe de plus, ou une responsabilité supplémentaire.

Cette nouvelle méthode de calcul, qu’ils ont découverte quelques semaines après la rentrée scolaire, suscite un vif émoi chez les professeurs de l’enseignement agricole.

A l’heure où l’INSEE lui-même évalue leur temps de travail à 42 heures en moyenne par semaine, cette évolution apparaît à contre-courant de la volonté, affichée par le gouvernement, de mieux considérer et de mieux rémunérer la profession d’enseignant.

En particulier, au moment où la moitié des chef.fe.s d’exploitation auront atteint l’âge de la retraite en 2030, l’enseignement agricole occupe aujourd’hui une place décisive pour faire face au défi majeur du renouvellement des générations en agriculture. L’attractivité de l’enseignement agricole en termes de recrutement d’enseignants est donc déterminante.

Un tel signal envoyé au personnel de l’enseignement agricole, en plus d’être fondamentalement injuste, s’avère donc particulièrement contre-productif.

Il lui demande s’il compte abandonner cette nouvelle méthode de calcul, afin de répondre à la contestation légitime des enseignants concernés.