80 ans Hommage à Bayet et Montjournal

80 ans : Hommage à la Résistance à Bayet et Montjournal

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LE DISCOURS QUE J’AI PRONONCÉ À BAYET :

 

Mesdames, Messieurs les représentants des autorités civiles et militaires, Mesdames, Messieurs les représentants d’associations d’anciens combattants, résistants et déportés, Mesdames, Messieurs les élus, Mesdames, Messieurs,

 

C’est ici, le long de cette Route Nationale 9, que Georges BILLY, à peine âgé de 19 ans, a trouvé la mort il y a 80 ans, fauché par une rafale lors d’une embuscade face à une automitrailleuse allemande.

Georges BILLY : ses camarades l’avaient affectueusement surnommé « Radis » en raison de sa petite taille.

C’était un jeune métallo, un ouvrier métallurgiste employé à la Manurhin à Vichy.

A lui seul, il incarnait la Résistance de cette classe ouvrière besogneuse, fidèle aux valeurs de liberté, de partage, de fraternité, et qui n’a pas fait défaut quand il s’est agi de se lever pour les défendre face à l’oppression nazie et au pouvoir de Pétain.

Georges BILLY était issu d’une famille engagée au Parti Communiste Français, où militaient son père (Paul) et son oncle (Charles). Un Parti interdit depuis 1939, mais qui poursuivait son activité dans la clandestinité.

Engagé au sein des Jeunesses Communistes, réfractaire au STO, Georges avait rejoint le Maquis au sein du Camp FTP Dionnet, qui deviendra par la suite le Camp Marceau, dans la forêt des Colettes.

A 19 ans, Georges BILLY avait la vie devant lui. Rien ne le prédestinait à mourir ici, à l’aube de sa vie. Et pourtant, il a fait face aux circonstances historiques qui s’imposaient à lui, et qui l’ont conduit jusqu’au sacrifice ultime.

Si nous sommes là aujourd’hui, si je suis là aujourd’hui, ce n’est pas simplement pour satisfaire à une cérémonie d’hommage annuelle, à laquelle nous participerions par habitude, ou par simple fidélité.

Si nous sommes là aujourd’hui, si je suis là aujourd’hui, c’est aussi parce que l’héritage que nous a laissé Georges BILLY, que nous ont laissé ceux de MONTJOURNAL que nous honorerons demain, est un héritage qui nous parle aujourd’hui, qui nous parle pour aujourd’hui et pour demain.

Georges BILLY a été victime de la barbarie nazie, de l’extrême-droite, de ses thèses racistes et antisémites.

Comment lui rendre hommage aujourd’hui sans évoquer le climat malsain qui s’empare actuellement du pays ?

Comment lui rendre hommage sans évoquer la montée et la banalisation des thèses racistes et antisémites dans la France d’aujourd’hui ?

Comment lui rendre hommage sans évoquer la progression électorale de ceux qui, même s’ils s’en défendent, sont les héritiers directs de la France de Pétain et de la collaboration avec les nazis ?

Par respect pour Georges BILLY, par fidélité aux idéaux portés par la Résistance française, nous ne pouvons pas rester muets dans une telle situation.

Toutes et tous, en tant que citoyens du 21ème siècle, nous devons avoir conscience de notre responsabilité, collective comme individuelle, dans la trajectoire dangereuse qu’emprunte la France d’aujourd’hui.

Aucune colère, aucune humiliation, aussi réelles et aussi légitimes soient-elles, ne peuvent justifier de jeter à nouveau notre pays dans les bras de l’extrême-droite, de le précipiter à nouveau dans le choix du pire.

Bien au contraire, et l’héritage de Georges BILLY nous le montre : dans les pires difficultés, les Résistants d’alors n’ont pas fait le choix du renoncement, de la division, de la haine de tous contre tous et de la recherche du bouc-émissaire.

Ils ont fait le choix du collectif, de la fraternité, de la solidarité, du combat commun. Ils ont fait de choix d’inventer des Jours Heureux, avec le programme du Conseil National de la Résistance, et c’est ainsi qu’ils ont fini par vaincre le nazisme, sortir le pays de l’ornière et ouvrir la voie des Trente Glorieuses.

Voilà l’enseignement, d’une grande actualité, que nous laissent Georges BILLY et ses compagnons d’armes.

Individuellement comme collectivement, soyons-en dignes. Il en va de la société dans laquelle nous voulons vivre, et des valeurs que nous transmettrons aux générations à venir.

Vous pouvez compter sur mon engagement total dans ce sens, et je remercie les associations comme l’ANACR, comme l’ARAC, et les élus locaux qui sont à leurs côtés comme vous, cher Philippe, d’assurer la tenue et la réussite de telles commémorations qui nous permettent de faire vivre, dans les conditions d’aujourd’hui, les valeurs que nous ont léguées Georges BILLY et ses compagnons.

Je vous remercie.