Cérémonies du 8 mai 2024

Cérémonies du 8 mai 2024

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Le discours que j’ai prononcé, cette année, à l’occasion des cérémonies du 8 mai :

 

Mesdames, Messieurs les représentants des autorités civiles et militaires,

Mesdames, Messieurs les représentants d’associations d’anciens combattants, résistants et déportés,

Mesdames, Messieurs les élus,

Mesdames, Messieurs,

 

En commémorant la victoire de 1945 sur l’Allemagne nazie, nous commémorons la fin du plus grand drame, de la plus grande blessure qu’ait connu l’Humanité au 20ème siècle.

50 millions de morts entre 1940 et 1945.

Et ce crime inouï contre l’Humanité, qu’a représenté la Shoah. Cette extermination de masse, systématique, paroxysme de la folie humaine, que la Journée Nationale de la Déportation, célébrée la semaine dernière, contribue à rappeler aux générations présentes pour qu’on ne revive « plus jamais ça ».

Cela fait 79 ans : le temps d’une vie humaine.

D’ailleurs, les témoins directs de cette barbarie sont, chaque année, de moins en moins nombreux : les anciens combattants, les derniers Résistants, les derniers Rescapés des camps de concentration disparaissent les uns après les autres, laissant place aux générations nouvelles qui devront dorénavant s’en remettre aux seuls livres d’Histoire.

Pour autant, le souvenir de ce cataclysme hante encore nos sociétés. C’est aussi le rôle de ces cérémonies commémoratives, comme celle d’aujourd’hui, de rappeler qu’un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre.

Car cette guerre mondiale, ces massacres généralisés, ce génocide scientifiquement organisé, ne nous sont pas tombés du ciel. Ils sont le résultat d’un enchaînement de circonstances historiques, et d’une volonté politique basée sur une idéologie : le nazisme.

Des circonstances analogues, des projets politiques similaires, peuvent tout à fait précipiter à nouveau l’Humanité dans le gouffre.

Aujourd’hui, il n’y a rien de plus essentiel que de se rappeler ceci : rien n’est jamais acquis ! La Paix est une construction humaine. Elle peut être faite, comme elle peut être défaite.

A l’heure où le spectre d’une 3ème guerre mondiale refait surface suite à l’agression criminelle de Vladimir Poutine en Ukraine, à l’heure où le droit international est bafoué aux quatre coins de la planète, à l’heure où les dépenses militaires mondiales explosent, à l’heure où la possibilité d’un conflit entre puissances nucléaires est sur la table, tout doit être fait pour empêcher le pire.

Et empêcher le pire, c’est privilégier le dialogue, la diplomatie, le cessez-le-feu… plutôt que les discours martiaux, le surarmement et les stratégies militaires.

C’est engager des processus de Paix, plutôt que de se résigner à la guerre.

C’est s’en remettre à l’Organisation des Nations Unies, plutôt qu’à des coalitions militaires « bloc contre bloc ».

Plus que jamais, ce combat pour la paix est « le plus grand des combats » comme l’affirmait Jean Jaurès quelques jours avant son assassinat.

Ces tensions internationales, nous les vivons aussi à l’intérieur même de nos sociétés. La crise économique, la pauvreté de masse, la montée des divisions, des stigmatisations, du racisme et de l’antisémitisme, combinées à la soif de pouvoir d’une extrême-droite prête à tous les mensonges, prête à toutes les fausses promesses sociales… tout cela doit nous alerter au plus haut point.

Car nous sommes instruits par l’Histoire. Et si l’Histoire ne se répète jamais à l’identique, il lui arrive quand même de bégayer.

Aussi, je le dis avec sincérité : gardons-nous de remettre en selle, 80 ans plus tard, les héritiers politiques directs de ceux qui, avec le régime de Pétain, ont déshonoré la France et l’ont plongée dans les ténèbres pendant 5 longues années.

Nous avons d’autres héritages à mettre en avant : celui que nous commémorons aujourd’hui, celui de la Résistance française, des Résistantes et Résistants qui , au plus profond de la nuit noire, ont su trouver les ressources pour résister au fascisme, ont su s’organiser à travers le Conseil National de la Résistance, et ont su inventer une société nouvelle mise en place, à la Libération, avec le Programme des Jours Heureux.

Alors que tout, dans notre pays, poussait au repli sur soi, à la haine de l’autre et aux divisions, ils ont fait le choix inverse : celui de la solidarité et de la fraternité, celui du partage et de la construction d’un destin commun à toutes et à tous, celui de la foi dans l’action collective, celui de l’amour pour les générations à venir.

C’est cet héritage-là qui a fait la grandeur de notre pays, qui lui a ouvert la porte des Trente Glorieuses, lui assurant des décennies de progrès social, de prospérité et de Paix. Sachons le conjuguer au présent. Et soyons-en dignes !

Je vous remercie.