Commémorations 80 ans de la Libération

Commémorations des 80 ans de la Libération

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Le discours que j’ai prononcé, cette année, à l’occasion de la commémoration des 80 ans de la Libération – à Meillard, hommage aux Camps Hoche et Casanova

 

Mesdames, Messieurs les représentants des autorités civiles et militaires,

Mesdames, Messieurs les représentants d’associations d’anciens combattants, résistants et déportés,

Mesdames, Messieurs les élus,

Mesdames, Messieurs,

 

80 ans. Ces 80 ans qui nous séparent aujourd’hui de la fin de la seconde guerre mondiale donnent cette année encore davantage de sens et de profondeur à cette cérémonie.

Il y a donc 80 ans, s’achevait la pire tragédie du 20ème siècle.

50 millions de morts. 50 millions de frères, de sœurs, de pères, de mères, d’enfants, disparus dans cette nouvelle guerre mondiale qui défigurait l’Europe à peine 20 ans après la fin de la boucherie de 14-18, qui devait pourtant être « la der des der ».

Et puis ce crime effroyable, inouï, impensable qu’a constitué la Shoah avec l’extermination méthodique, froide, réfléchie, industrielle de ceux dont le seul « tort » était d’être juifs, handicapés, tsiganes, homosexuels ou communistes.

A l’heure où une campagne et une pétition nationale sont lancées pour l’entrée au Panthéon d’Adélaïde HAUTVAL, cette grande dame résistante et déportée à Auschwitz et Ravensbrück, qui a défendu jusque dans l’horreur des camps de concentration les valeurs universelles de liberté, d’égalité et de fraternité, permettez-moi de la citer : Adélaïde HAUTVAL affirmait que « le passé ne mérite d’attention que lorsqu’il s’avère utile pour éclairer le présent et préparer l’avenir ».

Nous y sommes.

Oui, ce passé nous éclaire aujourd’hui. Douloureusement. Avec insistance, et avec gravité.

Car nous vivons aujourd’hui une brutale accélération de l’Histoire, où des événements hier improbables deviennent réalité, où tous les acquis du passé semblent vaciller et où la loi du plus fort risque, une fois encore, de bouleverser les équilibres mondiaux.

L’agression criminelle de Vladimir Poutine en Ukraine est entrée dans sa 3ème année, le retour de Donald Trump à la tête des Etats-Unis rend le monde encore plus instable et incertain, le droit international est désormais impunément bafoué aux quatre coins de la planète, et nous sommes sommés de nous engager dans une « économie de guerre » pour nous préparer à l’éventualité d’un nouveau conflit de grande ampleur.

Dans cette situation, je le dis, les enseignements du passé doivent nous conduire à tout faire pour dévier le monde de cette trajectoire funeste, à tout faire pour empêcher le pire. Et empêcher le pire, c’est privilégier le dialogue, la diplomatie, le cessez-le feu… plutôt que les discours martiaux, les coups de menton, le surarmement et les stratégies militaires.

C’est engager des processus de paix, plutôt que se résigner à la guerre.

C’est s’en remettre à l’Organisation des Nations Unies, plutôt qu’à des coalitions militaires « bloc contre bloc ».

De la même manière, il faut répéter sans cesse que les camps de concentration et leurs millions de morts ne sont pas venus de nulle part : ils ne furent pas un simple « accident de l’Histoire », ni même un « fait de guerre », mais bien la conséquence mécanique et criminelle d’idées de haine, de divisions organisées, et de discours fascistes qui n’ont pas disparu.

Je dirais même que ces idées reviennent dans le débat public, et se banalisent dangereusement quand on entend à nouveau parler de « déportation », dans de lointains territoires français, de personnes jugées indésirables en métropole.

Elles se banalisent aussi dangereusement quand une partie de la population, évidemment la plus fragile, est publiquement et officiellement pointée du doigt comme « assistée » et « coûteuse pour les finances publiques ».

J’alerte sur la multiplication de ces idées, de ces « propositions » qui aboutissent à accroître les divisions de notre société, installer la défiance de tous contre tous, et désigner des boucs-émissaires comme responsables de tous les maux de la société.

Elles élargissent dangereusement ce qu’on appelle « la fenêtre d’Overton », qui désigne l’éventail des sujets et des arguments considérés comme politiquement acceptables par l’opinion publique, dans une société, à un moment donné.

Cet élargissement de la fenêtre d’Overton, cet élargissement du « champ de l’acceptable » en politique, m’inquiète aujourd’hui profondément. Non, la prétendue « levée des tabous » ne permet pas tout, et on n’a pas le droit de dire n’importe quoi.

Au contraire, dans des périodes troublées comme celle que nous traversons, la justice, la tolérance, la fraternité, doivent rester nos principales boussoles pour éviter que notre société ne sombre à nouveau.

Soyez assuré que c’est ce qui guide toute mon action de député au service de la Nation, pour que notre pays vive et revive de nouveaux « Jours Heureux ». Pour que le message des combattants des Maquis Hoche et Casanova soit écouté, entendu, conjugué au présent. Et pour que le combat des Résistants comme Roger BELLIEN, Marc BONNOT, Jean-Louis AMEURLAIN et leurs camarades n’ait pas été vain.

Je vous remercie.