cérémonie à Montjournal

Hommage à la Résistance à Bayet et Montjournal

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LE DISCOURS QUE J’AI PRONONCÉ A MONTJOURNAL : 

 

Mesdames, Messieurs les représentants des autorités civiles et militaires,

Mesdames, Messieurs les représentants d’associations d’anciens combattants, résistants et déportés,

Mesdames, Messieurs les élus,

Mesdames, Messieurs,

 

Ici même il y a 79 ans, Marcel ARROUÈS, 22ans, Jean ROBBE, 23 ans et Pierre PINET, 38 ans, ont trouvé la mort sous les balles de l’occupant allemand en déroute.

Comme le jeune Georges BILLY, 19 ans, tué la veille à BAYET, et dont nous avons honoré la mémoire lors d’une cérémonie hier soir, ces trois Résistants ont payé de leur vie leur engagement face à la barbarie nazie.

A 19, 22, 23 et 38 ans, ils avaient la vie devant eux. Ils ont pourtant su aller au bout de leur engagement, jusqu’au sacrifice ultime, pour faire triompher les valeurs de liberté, de partage, de fraternité, qui animaient les Francs Tireurs et Partisans, et qui ont finalement eu raison du fascisme allemand et du régime de Pétain.

Tous étaient des gens ordinaires, des gens comme les autres, « qui n’avaient réclamé ni la gloire ni les larmes », comme l’écrivit si bien Louis Aragon : Georges BILLY, métallo chez Manhurin à Vichy ; Marcel ARROUÈS, typographe à Paris puis domestique dans une ferme dans l’Allier ; Jean ROBBE, ouvrier agricole ; Pierre PINET, cultivateur.

Tous étaient issus de cette classe ouvrière fidèle aux valeurs universelles qui ont fondé la nation française, cette classe ouvrière qui a fait le choix de la Résistance face à l’extrême-droite nazie, au pouvoir de Pétain et des puissances économiques et financières.

Au plus profond de la nuit noire, Georges BILLY, Marcel ARROUES, Jean ROBBE et Pierre PINET, aux côtés de milliers d’autres Résistants anonymes, ont su maintenir une lampe allumée, et ont quelque part sauvé l’idée que nous nous faisons de la France, l’idée que nous nous faisons de l’Humanité.

Aujourd’hui, dans des conditions certes totalement différentes, ce combat reste d’une brûlante actualité.

Car 80 ans après, « le ventre est encore fécond d’où a surgi la bête immonde ». Elle est d’autant plus immonde qu’elle n’a rien d’une « bête », mais que c’est bel et bien une création humaine. Elle se nourrit des renoncements, des divisions organisées, des inégalités béantes qui minent nos sociétés, de la recherche permanente du bouc-émissaire, des manipulations du passé.

La lutte déterminée contre le fascisme et les idées d’extrême-droite, la défense acharnée des avancées sociales permises par le Programme du Conseil National de la Résistance, la recherche permanente de l’unité et de l’apaisement du pays… tous ces combats restent d’une grande actualité, et continuent de marquer la société française.

L’Histoire nous l’a montré : le pire peut advenir, mais il n’est jamais certain. A l’heure où les nuages s’amoncellent à nouveau en Europe, où la folle agression russe en Ukraine signe le retour de la guerre sur le sol européen, oui, « le combat pour la Paix reste le plus grand des combats ».

Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si c’est le nom d’un grand pacifiste, Henri BARBUSSE, qui avait été choisi pour dénommer la formation FTP dont étaient issus Marcel ARROUES, Jean ROBBE et Pierre PINET : le camp FTP Henri Barbusse, qui avait vu le jour dans la région de Voussac à l’initiative du capitaine Marcel BOUCHARD, officier de l’armée française.

A l’heure à le Président de la République a annoncé l’entrée au Panthéon de Missak MANOUCHIAN, ce dont je me félicite ardemment, je sais qu’une campagne est engagée par un certain nombre d’associations d’anciens combattants pour la panthéonisation d’Henri BARBUSSE. Une telle entrée au Panthéon, aux côtés de Missak MANOUCHIAN, aurait beaucoup de sens dans le contexte actuel, et j’ai écrit au Président de la République pour appuyer cette idée.

Madame, Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs les responsables des comités locaux de l’ANACR et de l’ARAC, je vous remercie pour l’organisation de cette belle cérémonie, qui contribue à éviter que sombrent dans l’oubli les noms de Marcel ARROUES, Jean ROBBE et Pierre PINET : c’est dans leurs combats d’hier que nous trouvons matière à ressourcer nos combats d’aujourd’hui.

Soyons-en dignes. Je vous remercie.